
Edito mars 2025
Bénévolat et indépendance : la FARULM au service d’un ULM libre et solidaire
À la FARULM, nous avons une ambition claire : replacer l’engagement bénévole au cœur de la dynamique ULM pour garantir son développement et sa préservation.






Le Jouet Cassé
Depuis ces dernières années, un frémissement silencieux parcourt le monde de l’ULM. Non pas celui d’un moteur qui prend son envol, ni celui d’une aile qui caresse le ciel, mais celui, plus sourd, plus grave, d’un décrochage progressif. Quelque chose s’effrite. Quelque chose se perd.
Et face à cela, mobiliser les pratiquants devient chaque jour plus difficile.
Ce n’est pas de la lassitude. Ce n’est pas un désintérêt. C’est un malaise diffus. Une forme de résignation qui s’est installée, insidieusement, au fil des décisions venues d’en haut — souvent incompréhensibles, parfois injustes, toujours éloignées de l’esprit originel. L’ULM, cette utopie légère née de la liberté de voler, semble aujourd’hui piégée dans une cage administrative où l’air manque cruellement.
Certains affirment pourtant que les nouveaux arrêtés parus en 2024 et 2025 « ne changent rien » à notre activité. Il n’en est rien. Ces deux derniers textes mettent précisément le doigt sur ce que nous ne devions surtout pas toucher : l’esprit même de l’ULM.
Ils redessinent notre ciel avec des traits de plume froide, sans comprendre que notre espace est fait d’ailes, de souffle et de liberté — pas de cases à cocher. Et ce ne sont ni de beaux dossiers administratifs bien tenus, ni le nivellement progressif du niveau de pilotage vers le bas, ni même des règles fiscales qui empêcheront les accidents. Car la sécurité ne naît pas de la paperasse, mais de la passion, de la formation, de la rigueur, de l’humilité face au ciel, et du bon sens enraciné dans l’expérience.
Car il faut se souvenir d’où vient cette passion. L’ULM, c’est un rêve d’enfant qui ne voulait pas grandir. C’est l’homme qui regarde les oiseaux et décide, un jour, de les rejoindre. Pas pour aller quelque part. Pas pour conquérir. Juste pour être là-haut. Libre. Et ça, c’est une philosophie. C’est presque une forme de poésie. Pendant près de 50 ans, l’ULM a incarné cette insoumission douce : un vol avec un petit bruit dans un ciel sans frontières. Une école de liberté.
Aujourd’hui, pourtant, ce rêve se fissure. Les règles se multiplient, les espaces se ferment, les responsabilités s’alourdissent, et les défenseurs, référents de notre administration ont disparu, remplacés par du déni, du mensonge, ou de l’incompétence. Si, dans les clubs, le dernier texte de février 2025 va changer beaucoup de choses — et les clubs ne sont pas prêts.
Et les pilotes, dirigeants de structures ULM, qui étaient autrefois des poètes mécanos ou des rêveurs du dimanche, doivent maintenant jongler avec des formulaires, des restrictions, des injonctions absurdes. Le vent dans les haubans est remplacé par le souffle froid de la conformité.
Alors, on dit : « le jouet est cassé ». Pas dans la nostalgie d’un âge d’or, mais dans la lucidité d’un constat, d’un texte qui vient de tomber. Et dans cette lucidité, une inquiétude sourde : que restera-t-il demain de cette passion si l’on ne peut plus la vivre avec cette liberté ? Que deviendra l’ULM si ceux qui le pratiquent sont réduits à subir, s’ils ne trouvent plus la force ou la flamme de défendre ce qu’ils aiment ?
Mobiliser devient difficile, oui. Non parce que les pilotes ne tiennent plus à leur liberté, mais parce qu’ils ne croient plus qu’elle puisse être défendue. Parce que le rêve s’est éloigné, à force d’être piétiné sous un « tout va bien » devenu presque cynique. C’est cette passivité feinte, ce renoncement masqué par une façade de normalité qui est le plus inquiétant.
Conscients de cela, nous allons demander plus officiellement – après l’avoir fait peut-être de manière trop « amateuriste » – à rencontrer la FFPLUM, afin que les sujets soient mis sur la table rapidement et que l’on puisse avancer ensemble avant qu’il ne soit trop tard. Ce n’est ni un affront, ni une confrontation : c’est un sursaut nécessaire. Un appel à ouvrir les yeux, à dialoguer honnêtement, et à retrouver l’esprit qui nous a portés jusqu’ici.
Mais tout n’est pas perdu. Ce n’est pas une lamentation. C’est un appel. L’ULM n’a jamais été une activité comme les autres. C’est un art de vivre, un rapport au monde, une forme d’engagement.
Le ciel est encore là. Immense. Ouvert. Il attend que ceux qui l’aiment se souviennent que voler, ce n’est pas seulement s’élever dans les airs — c’est résister, un peu, à la gravité du monde.
L'équipe FARULM